Le réveil de la bête immonde

Odessa« Le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde » – Bertolt Brecht

Il y a un an, le 2 mai 2014, les nazis de Svoboda, de Pravi Sektor et d’autres groupes fascistes massacraient et brûlaient 43 citoyens ukrainiens dans la maison des syndicats d’Odessa. Ce crime a été perpétré sous la supervision d’Andriy Paroubiy, alors chef du Conseil de sécurité nationale et de la défense d’Ukraine, et de Dmytri Yarosh, son bras droit dans cette instance et leader de Pravi Sektor – ceux-là mêmes qui avaient dirigé les opérations militaires sur le Maïdan du côté des « révolutionnaires pro-UE ».

43, c’est le chiffre officiel – mais il faut y ajouter les disparus et des dizaines et des dizaines de blessés.

Ces 43 Ukrainiens, hommes et femmes, qualifiés de « pro-russes », n’ont pas été simplement assassinés, mais massacrés des manières les plus atroces qui soient, puis brûlés, certains vifs.

Cela s’est fait dans le silence assourdissant de l’Europe officielle et des chancelleries occidentales.

Pourtant avant les événements du Maïdan, l’UE semblait encore avoir quelque bon sens ; ainsi dans la résolution du parlement européen du 13 décembre 2012 pouvait-on lire à l’article 8 : « (le Parlement Européen) s’inquiète de la montée du sentiment nationaliste en Ukraine, qui s’est traduit par le soutien apporté au parti « Svoboda », lequel se trouve ainsi être l’un des deux nouveaux partis à faire son entrée à la Verkhovna Rada ; rappelle que les opinions racistes, antisémites et xénophobes sont contraires aux valeurs et principes fondamentaux de l’Union européenne et, par conséquent, invite les partis démocratiques siégeant à la Verkhovna Rada à ne pas s’associer avec ce parti, ni à approuver ou former de coalition avec ce dernier ».

Vœux pieux bien vite balayés sous le tapis. Silence alors, silence aujourd’hui.

Pire, le boutefeu Bernard Henri-Lévy osait l’affront ultime en choisissant Odessa pour y jouer la première de sa pathétique pièce de théâtre « Hôtel Europe », véritable ode propagandiste au service des États-Unis et de l’UE.

L’Ukraine replonge dans les pires moments de son histoire.

À ce jour, aucune enquête officielle n’a été organisée par le gouvernement ukrainien. Les coupables sont en liberté et ailleurs tuent, lynchent, menacent… et pour cause, on ne saurait punir les nervis d’extrême droite qui ont assuré le putsch pour le régime actuellement au pouvoir à Kiev. La répression d’État s’est au contraire abattue sur les survivants du massacre – certains sont en prison –, leurs familles qui légitimement demandent des comptes, les opposants à Porochenko et à Yatseniouk.

Afin de préparer comme il se doit ce terrible anniversaire, près de 50 opposants ont été arrêtés le mois dernier à Odessa par le SBU (service de sécurité ukrainien). Un peu partout en Ukraine sont interdites les manifestations du 1er mai et du 9 mai (victoire sur le nazisme) – de manière euphémisée en « interdisant toutes manifestations jusqu’au 10 mai », comme cela a été fait par les autorités de Kharkov.

Le Parti Communiste d’Ukraine est interdit. Partout en Ukraine les mêmes vermines nazies commettent des exactions, des lynchages, assassinent journalistes, élus ou simples citoyens. Une étonnante vague de suicides frappe les opposants au régime de Kiev.
La guerre civile à l’est de l’Ukraine a déjà causé la mort de plus de 6 000 morts civils et provoqué un million de réfugiés (dont 92% en Russie et ses pays satellites).

Aujourd’hui en Ukraine, les nazis font la pluie et le beau temps, contrairement à ce que veulent faire croire quelques « experts » en France, gênés aux entournures par tous ces crimes. Ainsi, récemment, Dmitry Yarosh a été nommé conseiller spécial du chef d’état-major de l’armée ukrainienne. Les bataillons nazis sont le fer de lance de l’opération « anti-terroriste » lancée par Kiev contre ses propres citoyens, et quand Kiev fait mine de les faire rentrer dans le rang, les nazis menacent… de brûler le bâtiment de l’administration présidentielle.

La réhabilitation des fascistes en Europe

Toutes ces horreurs ont été possibles parce qu’il y a un an, les démocraties occidentales, la France en premier lieu, se sont fourvoyées en soutenant le nauséabond régime de Kiev contre vents et marées.

Le 2 mai 2014, dès que l’odieux massacre d’Odessa a été connu du monde, la France, patrie des droits de l’homme, aurait dû tenir le rang qui est le sien en Europe et dans le monde en affirmant que de tels agissements sont inacceptables. François Hollande, s’il avait été un chef d’Etat soucieux de la grandeur de son pays et de la paix en Europe, aurait dû exiger une enquête internationale sur cet évènement comme sur les exécutions perpétrées sur le Maïdan !
Si alors la France avait agi avec fermeté sans obéir aux injonctions étasuniennes et allemandes, la suite des événements eût peut-être été moins tragique pour l’Ukraine ; peut-être la terrible guerre civile qui se développe aurait-elle été évitée.

Loin de là, c’est non seulement le silence, mais le soutien coupable qui a primé. Les nazis se sentent pousser des ailes et agissent comme bon leur semble. Pire encore, la garde étant baissée, cette attitude incompréhensible à la veille du 70e anniversaire de la victoire sur le IIIe Reich favorise la réhabilitation des fascistes dans toute l’Europe.
Cette situation est soutenue par le raisonnement manichéen des médias : les Ukrainiens pro-UE ne peuvent être que « bons » même s’ils massacrent des civils en arborant des croix gammées.

Tout cela va de pair avec la tentative de la discréditation du rôle de l’URSS dans la victoire contre le IIIe Reich. En effet, la Haute chambre d’Ukraine (La Verhovna Rada) a récemment réhabilité l’OUN (l’organisation des nationalistes d’Ukraine) et l’UPA (l’armée insurrectionnelle ukrainienne), groupes paramilitaires ayant collaboré et combattu avec les nazis, et massacré la quasi-totalité des Juifs d’Ukraine. La Rada a même érigé Roman Choukhevytch, chef de l’OUN, en héros national de l’Ukraine.

Le silence de la France permet également aux armées étasuniennes de s’installer sans vergogne en Ukraine en y implantant de facto l’OTAN malgré le risque de conflit potentiellement grave que cela représente avec la Russie. Il permet enfin à l’Allemagne de Merkel d’étendre son empire économique sur la Mitteleuropa en rachetant à bas coût les entreprises ukrainiennes.

Hommage aux victimes du fascisme.
Résistance !

No Pasaran !

Ajout le 3 mai 2015 :Vous trouverez en fichier joint, le témoignage de Monika Karbowska qui était hier sur place pour commémorer le premier anniversaire de ce tragique événement avec les parents des victimes et les survivants du massacre. PDF108 Ko

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