Le sommet de l’OTAN s’est achevé hier à Chicago. François Hollande y a dissipé les zones d’ombre qu’il avait laissées planer durant sa campagne. Comme on pouvait le craindre dès lors qu’il avait annoncé son refus de retirer la France du commandement intégré de l’alliance atlantique, c’est bien dans les pas de Nicolas Sarkozy qu’il a choisi de s’inscrire.
Très médiatisée, l’annonce du départ anticipé des troupes françaises d’Afghanistan est l’arbre qui cache la forêt. Ce départ ne concerne que les troupes combattantes. Des soldats resteront sur place former une armée afghane censée assurer la sécurité du pays à partir de 2014. Or elle n’est qu’un fatras écartelé entre les clans au pouvoir, traversée par des divisions ethniques entretenues par la guerre, et infiltrée par les talibans. Tout sauf le socle d’un futur Etat souverain. Maintenir des formateurs sur place n’a aucun sens dans ce contexte, et ne fera qu’exposer inutilement leur vie.
Surtout, Hollande a capitulé sur le dossier du bouclier antimissile, priorité de Washington en Europe, en confirmant la décision sarkozienne d’y engager la France. Présenté comme un dispositif défensif face à des menaces construites de toute pièce, le bouclier antimissile vise en fait à acquérir un avantage stratégique qui ouvrirait la voie à de possibles premières frappes nucléaires. Il est en totale contraction avec la dissuasion nationale française. Il constitue par ailleurs une pièce maîtresse du projet étasunien d’en finir avec la règle du consensus appliquée de fait au sein de l’OTAN pour tout ce qui concerne l’engagement de l’ensemble de l’alliance dans un conflit.
Face à cette nouvelle menace pour la souveraineté française et pour la sécurité collective, Hollande, par « pragmatisme », s’est contenté de promesses floues s’agissant du commandement de cette arme ou encore de la part qu’aurait l’industrie française dans sa construction. Rien qui ne remette en question le principe même de cet outil belliciste. Même si, à peine la position française arrêtée, des membres de la délégation française ont minimisé l’engagement pris. Le bouclier est loin d’être mis en place, il n’est que dans sa première phase, ont déclaré anonymement quelques voix autorisées comme pour s’excuser de cette décision.
Face à ces contorsions verbales, le Front de Gauche entend opposer la clarté. Les électeurs qui souhaitent en finir avec ce funeste projet de bouclier antimissile, et que la France retrouve son entière souveraineté militaire en se retirant de l’OTAN sont désormais fixés. Seuls des députés du Front de Gauche porteront ces positions à l’Assemblée nationale. Plus ils seront nombreux, plus grandes seront les chances d’opérer une rupture claire avec la politique étrangère Sarkozy.